Lettre au président français, au nom du FLE
Alep, le 14 juillet 2008.
Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Ministre de l’Education Nationale,
Connaissant votre profond attachement à la francophonie, aux valeurs non seulement culturelles mais aussi politiques et économiques qu’elle porte, je me permets de vous écrire afin de vous faire part d’une situation qui est la mienne actuellement tout comme celle de milliers de personnes ayant la même formation que moi, c’est-à-dire ayant suivi un cursus de Bac + 4 voire Bac + 5 en FLE (Français Langue Etrangère).
Permettez-moi tout d’abord de vous préciser en quoi consiste le cursus de FLE.
En suivant cette filière bien spécifique les étudiants sont sensibilisés au métier d’enseignant en milieu étranger et avec un public étranger. Ils sont également, tout au long du cursus, amenés à faire des stages pratiques non rémunérés afin de se former et d’être en contact avec un maximum d’apprenants de tous horizons aussi bien en France qu’à l’étranger.
En outre, les fletistes sont sensibilisés à l’histoire du monde francophone, aux méthodes d’enseignement depuis les débuts jusqu’à nos jours, tout en étant sans cesse stimulés à la réflexion et à la remise en question des grandes théories de l’enseignement des langues.
Ceci est un très bref aperçu de ce que représente la formation de FLE en France à l’heure actuelle, mais c’est indispensable pour vous faire observer que les étudiants ayant acquis un Master 2 de FLE sont des professionnels de l’éducation et de l’enseignement du français langue étrangère tout comme peuvent l’être des étudiants en lettres ayant obtenu le CAPES.
Toutefois, si je vous tiens ce discours c’est bien parce que nous –étudiants ou professeurs de FLE en France comme à l’étranger- ne bénéficions pas des mêmes statuts et des mêmes droits que nos collègues enseignants de langues étrangères ou d’autres matières. Je tiens à vous dire que les professeurs de FLE répartis dans des centaines de centres culturels et d’alliances françaises à travers le monde travaillent pour diffuser le français et sa culture.
Nous sommes effectivement
au service de la francophonie chaque jour et nous contribuons à faire aimer la
langue et la civilisation française aux jeunes comme aux moins jeunes dans les
pays où nous exerçons. Alors pourquoi ne sommes nous pas
reconnus par
Pourquoi ne pas nous considérer comme des professeurs à part entière ?
Jusqu’à ce jour, les enseignants de FLE ne sont rien et on entend trop souvent dire : « n’importe qui peut enseigner le français à l’étranger, il suffit d’être français » ! Nous voudrions que ces sottises cessent. Le FLE est un métier qui ne s’improvise pas, mais qui demande une formation solide et une réflexion tout aussi solide sur le métier d’enseignant à un public étranger. La réputation de la langue française tout comme celle du pays « France » et de son rayonnement dépendent en partie de la façon dont notre langue est enseignée dans les instituts français à l’étranger, ce qui nous place, nous professeurs de FLE, dans les premiers rôles du grand théâtre de la francophonie et de la représentation de notre pays hors de nos frontières.
Nous avons droit à un CAPES qui régulariserait notre situation, nous avons droit à une reconnaissance de la part du Ministère, nous avons droit à des salaires décents et à une vie décente, nous avons droit à des congés payés, nous souhaitons cotiser pour nos retraites comme tout salarié ou fonctionnaire français !
Penser que le gouvernement français pourrait souhaiter maintenir des emplois précaires afin d’économiser quelques crédits me semblerait dérisoire et sans commune mesure avec l’enjeu stratégique et politique majeur qu’est l’avenir et le développement de la langue française et du rayonnement de la France à l’étranger : « cet humanisme intégral qui se tisse autour de la terre » comme disait le Président Senghor ; j’ai souhaité en faire ma profession et j’aimerais continuer à œuvrer et à me battre pour ces valeurs.